Le Green IT
AVEZ-VOUS ADOPTÉ LA DÉMARCHE « Green IT » ?
“En 2019, l’utilisation du numérique était responsable de 5% des émissions de GES, soit 200 000 Tour Eiffel.”
Saviez-vous qu’à l’échelle mondiale en 2019, le numérique était constitué de 34 milliards d’équipements connectés pour 4.1 milliards d’utilisateurs, ce qui représente 223 millions de tonnes (179 millions de voitures), soit la possibilité de créer un 7e continent ayant la taille de 2 à 5 fois celle de la France[1] ? Et que le numérique représente actuellement 5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales – soit le poids de 200 000 Tour Eiffel – chiffre qui ne cesse d’augmenter ?
Avec les Accords de Paris de 2015 qui avaient défini un objectif de limitation du réchauffement climatique à 1.5 degré Celsius, les projets de transition écologique à l’échelle européenne, sans en oublier les derniers constats plus qu’alarmants publiés dans le dernier rapport du GIEC[2] en avril 2022, il semble aujourd’hui plus que nécessaire d’avoir conscience de l’impact de notre utilisation des divers matériels et équipements électriques et électroniques sur le climat. Les entreprises – TPE/PME mais également multinationales – et leurs équipes informatiques ont toutes un rôle à jouer dans la prise en compte de l’aspect environnemental dans la digitalisation, en entamant une démarche « Green IT », notamment lorsqu’il en ressort que la production d’un ordinateur fixe tel qu’utilisé au sein de bureaux nécessite l’utilisation de 2 tonnes de ressources naturelles, 240 kg de combustibles et 1 litre d’eau[3].
Pour mieux comprendre le lien indéniable entre l’utilisation quotidienne des équipements électroniques et la cause environnementale, voici quelques chiffres donnés par le WWF à retenir concernant les impacts environnementaux associés à l’empreinte numérique d’un seul utilisateur :
.-51 ampoules de 25 watts/jour
-2 radiateurs de 600 watts allumés 8 heures/jour
-7 packs d’eau de 9 litres/jour
-29 km en voiture/jour
-2 livres de poche/semaine
-3 kg de déchets électroniques/an
Qu’est-ce que le Green IT ?
Le Green IT est ainsi une démarche que certaines entreprises et organisations ont à cœur de développer afin de poursuivre un objectif de réduction d’empreinte carbone, d’émissions de GES et autres impacts environnementaux négatifs directs du numérique, ce qui se caractérise par le développement de stratégies et l’adoption de bonnes pratiques et de méthodes respectueuses de l’environnement malgré une utilisation massive d’équipements électroniques et électriques au sein de la société. Ce comportement s’inscrit dans la continuité de la stratégie RSE – responsabilité sociétale des entreprises – définie par la Commission européenne comme l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. Elle est également liée à la mise en place de la norme ISO 26 000[4].
Qu’en dit la loi française ?
Néanmoins, même si cette démarche est essentiellement volontariste, la loi de février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire a modifié plusieurs dispositions au sein du Code de l’environnement et en a inclus de nouvelles, dispositions qui sont rentrées en vigueur au 1er janvier 2022, en rajoutant notamment une obligation d’informer le public sur les qualités et caractéristiques des produits générateurs de déchet – dont font partis les ordinateurs, smartphones, tablettes, etc. Ainsi, l’article L110-2 de ce Code dispose qu’il existe un droit fondamental à un environnement sain et qu’il est ainsi du devoir de chacun, y compris des entreprises, dans toutes leurs activités, de veiller à la sauvegarde et de contribuer à la protection de l’environnement. À ce titre, l’article L110-1-1 du Code de l’environnement les encourage à transiter vers une économie circulaire pour atteindre une empreinte écologique neutre, et se débarrasser « du modèle économique linéaire qui consiste à extraire, fabriquer, consommer et jeter ».
D’ailleurs, est également imposée aux entreprises l’obligation de démontrer leur véritable engagement en faveur du développement durable en publiant les conséquences sociétales et environnementales de leur activité dans leur rapport annuel de gestion. Dans cette optique, depuis janvier 2022, les fournisseurs d’accès internet et réseaux mobiles ont l’obligation de communiquer à leurs clients le taux d’émission de GES provoquée par leur consommation internet et mobiles, afin de les sensibiliser quant à l’impact de leur utilisation numérique sur le climat et l’environnement[5].
Il est également nécessaire de prendre en compte la Loi Transition écologique pour la croissance verte de 2015 qui précise que l’obsolescence programmée[6] est punie de 2 ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende.
Quelques recommandations
Ainsi, pour avoir une consommation sobre et responsable des ressources naturelles et des matières premières dans son utilisation numérique, voici quelques recommandations à destination des PME/TPE principalement :
- Préférez la réutilisation des équipements en fin de vie, avant de recycler. Effectivement, selon une étude publiée en 2018 par WWF[7], « Si les entreprises françaises privilégiaient le réemploi de leurs ordinateurs plutôt que leur recyclage, cela pourrait créer 1 500 emplois non délocalisables et une économie de 810 000 tonnes de gaz à effet de serre et 6 milliards de litres d’eau, soit l’équivalent de l’empreinte annuelle de 100 000 Français ». En plus de cela, une étude réalisée par Agit Alliance en 2017 mettait en exergue que 50% des entreprises déposaient leur matériel en fin de vie à la déchetterie.
- Préférez l’achat d'imprimantes et d'écrans reconditionnés ou de seconde main plutôt que l’achat d’équipement neuf. Une imprimante a une durée de vie moyenne de 5.2 ans et celle d’un écran s'élève à plus de 6 ans.
- Demandez aux employés d’éteindre automatiquement leurs ordinateurs tous les soirs et les week-ends.
- Désinstallez les infrastructures devenues inutiles au sein de l’organisme. En 2017, 8% du matériel possédé par une entreprise n’avait jamais été utilisé[8].
- Configurez les imprimantes en noir et blanc et privilégier les impressions recto/verso
- Recyclez les cartouches d’imprimantes et le papier
- Et enfin, sensibilisez le personnel à la règle de 4R : réduire, réparer, réemployer, recycler.
D’ailleurs, la législation française en vigueur impose l’obligation de recycler la totalité des DEE[9] d’ici à 2030.
Pour finir, il faut garder à l’esprit qu’une bonne pratique en termes de Green IT permet également une meilleure cybersécurité grâce à une meilleure connaissance de l’ensemble du parc informatique et de ses impacts environnementaux qui en découlent. La vente de matériels obsolètes contre la remise de certificat de blanchiment (effacement), permet de contrôler ses données plus efficacement.
Pour plus d’informations voici le lien vers les Bonnes Pratiques mises en place par le Gouvernent français en février 2022 : https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/docs/2022/guide-de-bonnes-pratiques-numerique-responsable-version-beta.pdf
[1] Etude réalisée par Frédéric Bordage, « Empreinte environnementale du numérique mondial – synthèse » GreenIT.fr – p.5/13
[2] Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
[3] WWF en collaboration avec Le Club Green IT, « Quelle démarche Green IT pour les grandes entreprises françaises ? » 2018 – p.5/20
[4] Norme qui régit des questions liées à la gouvernance de l’organisme, de droits de l’Homme, des relations et conditions de travail des salariés, questions environnementales, de loyauté des pratiques, ainsi que des questions relatives au respect des droits des consommateurs et de développement local.
[5] Ministère de la Transition écologique, « Transition écologique : ce qui change au 1er janvier 2022 », 17 mai 2022 : https://www.ecologie.gouv.fr/transition-ecologique-qui-change-au-1er-janvier-2022
[6] « L’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché d’un produit vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement »
[7] WWF en collaboration avec Le Club Green IT, « Quelle démarche Green IT pour les grandes entreprises françaises ? » 2018 – p.5/20
[8] Agit Alliance, « Baromètre des pratiques Green IT des entreprises en France », 2017.
[9] Déchets des équipements électriques et électroniques